Sommaire
Dossier : RDC
- Les racines de la question congolaise
- La démocratie ethnique congolaise
- Le temps des massacres
- L’Opération Ommegang
- Le Zaïre du maréchal Mobutu
- Le Rwanda, les Banyamulenge et la conquête du Zaïre
- La RDC des Kabila père et fils
- L’interminable guerre du Kivu
Algerie :
Histoire des Algéries de Bernard Lugan :
Une historiographie qui bouscule les certitudes
Editorial de Bernard Lugan
- Les racines de la question congolaise
- La démocratie ethnique congolaise
- Le temps des massacres
- L’Opération Ommegang
- Le Zaïre du maréchal Mobutu
- Le Rwanda, les Banyamulenge et la conquête du Zaïre
- La RDC des Kabila père et fils
- L’interminable guerre du Kivu
Algerie :
Histoire des Algéries de Bernard Lugan :
Une historiographie qui bouscule les certitudes
Editorial de Bernard Lugan
RDC : changer de paradigme
La guerre qui embrase actuellement le Kivu a des causes lointaines inscrites dans la longue histoire précoloniale régionale.
Quant à ses causes immédiates, elles remontent au 6 avril 1994, quand ceux qui assassinèrent le président du Rwanda, le Hutu Juvénal Habyarimana, provoquèrent le génocide qui s’abattit sur la population tutsi.
Deux ans plus tard, ayant conquis le pouvoir au Rwanda, le général Kagamé attaqua le Zaïre-RDC. Voilà pourquoi, depuis 1996, le Rwanda occupe la région du Kivu qu’il transforme peu-à-peu en un protectorat dont il exploite les richesses, la RDC étant dans la totale incapacité de défendre son intégrité territoriale.
Plus généralement, dans le Congo oriental, la guerre n’a pas cessé depuis 1960.
Qu’il s’agisse de celle des Simba, des guerres de l’Ituri et du Kivu, elles découlent toutes d’une réalité qui est que l’Etat congolais est impuissant.
Artificiel conglomérat géographique et humain, ses peuples, dont certains aux fortes identités, n’ont pas le sentiment d’appartenir à un tout commun. Sa création dans les chancelleries européennes à la fin du XIXe siècle s’est faite afin d’éviter un conflit entre les puissances européennes qui convoitaient le bassin du Congo.
Cette immense région fut alors soustraite aux appétits des grands acteurs coloniaux et offerte au Roi des Belges qui ne menaçait pas les équilibres européens.
Aujourd’hui, la réalité est qu’une grande partie de la zone comprise entre la forêt, le lac Albert, le lac Kivu et le nord du lac Tanganyika est redevenue le champ naturel d’expansion des vieux Etats de la vache et de la lance que sont le Rwanda et l’Ouganda. Face à cette donnée séculaire, l’artificielle RDC est impuissante.
Aussi, et que cela plaise ou non, la solution passe par un retour au réel. C’est-à-dire à la remise en question des définitions constitutionnelles actuelles du pays. Donc à l’acceptation d’une forme très élargie de fédéralisme afin d’atténuer les conséquences du « charcutage » colonial.
Autrement, le pays éclatera car, l’accumulation des crises fait que se posera un jour la question de l’existence même de la RDC dans ses frontières héritées de la colonisation.
Le principe de l’intangibilité des frontières passe d’ailleurs de plus en plus pour un héritage colonial auprès d’une nouvelle génération d’hommes politiques africains qui mettent en avant l’authenticité et la réappropriation de l’histoire. Mais tout en s’affirmant paradoxalement comme panafricanistes.